Premier petit écart par rapport au principe de cette rubrique: ce roman figure sans nul doute dans toutes les bonnes anthologies du roman noir.
En 1929, Dashiell Hammett publie “Moisson Rouge” (Titre original : “Red Harvest”, “Poisonville” dans le pulp Black Mask où débute la publication du roman sous forme de feuilleton en novembre 1927).
Dans ce roman écrit à la première personne, un détective privé dont le nom n’est jamais connu, agent de la Continental Op. et employé par l’industriel local qui contrôlait la ville jusque-là, va semer la pagaille entre chefs de gang et policiers corrompus qui gangrènent la ville (surnommée Poisonville) afin de tenter de l’épurer.
Le thème de la corruption entre polices, gangsters, hommes politiques… sera exploité dans toute l’histoire du roman noir. Mais Hammett invente ici le style “hard-boiled« , roman noir sans bon sentiment, dans lequel les limites entre le bien et le mal sont floues et qui privilégie violence et action. Très moderne pour l’époque et encore aujourd’hui.
Moult éditions anciennes ou récentes (Série Noire, Poche Noire, Carré Noir, Folio Policier…). On pourra privilégier la traduction la plus récente de Natalie Beunat et Pierre Bondil (2009 en SN et 2011 en Folio).
Dans les années 80 et 90, un professeur de philosophie exerçant en Bretagne, publie sous le pseudonyme de Kââ, une quinzaine de romans noirs, principalement dans la collection Spécial Police des Editions Fleuve Noir.
Le héros récurrent est un aventurier, tueur sans scrupule, grand gastronome, expert en bons vins, féru de philosophie et d’histoire médiévale, et dont la maîtrise technique et pratique des armes à feu les plus modernes lui permet de faire face aux situations les plus violentes. C’est toujours rythmé, plein d’humour et de cynisme. L’auteur s’amuse à démonter le mythe du héros solitaire. Le personnage de La Princesse de Crève, est très cultivé, voire érudit, réfléchi, organisé, évidemment seul contre tous et toutes…les seconds couteaux pas très malins, les groupes néonazis, les couples de tueuses en moto…
Dès le premier chapitre, notre homme suit discrètement un passeur qui transporte entre Paris et la Suisse une grosse somme d’argent dans le coffre secret d’une BMW…et qui s’arrête dans un restaurant de Dijon…
“Le métier de passeur est un métier délicat : on perd très vite l’essentielle confiance de ses clients.
Je m’installai deux tables derrière lui avec La Philosophie au Moyen Âge d’Étienne Gilson et un scotch.
Le magret de canard au poivre vert arriva au moment du chapitre VII, touchant l’influence gréco-arabe au XIIIe siècle et une très modeste demi-bouteille de bonnes mares 1962. Je tenais à garder les idées claires.
Je terminai mon magret avec la censure dont avait été l’objet Amaury de Bènes du diocèse de Chartres et allai téléphoner.
De Warny terminait son entrée chaude au foie gras et le puligny-montrachet 1972 coulait à flots dans son verre : on n’était pas partis.”
Quelques heures de lecture dans le même ton!
L’édition originale en Fleuve Noir Spécial Police est rare et bien heureusement, Jérôme Leroy a eu l’excellente idée de republier le roman ainsi que quelques autres perles de Kââ dans la collection La Petite Vermillon aux Editions La Table Ronde.
Richard F. Hugo est un écrivain américain surtout reconnu pour ses poèmes et pour son appartenance au groupe surnommé les Écrivains du Montana (auquel appartiennent par ailleurs quelques-uns de nos romanciers favoris James Lee Burke et James Crumley…).
Il publie un seul roman de son vivant et c’est une roman noir.
Al Barnes, un flic de Seattle un peu poète mais surtout trop compréhensif et peu efficace pour coincer les petits délinquants, obtient sa mutation dans une petite ville très tranquille du Montana, et pense y taquiner la muse et pêcher la truite.
Barnes-La-Tendresse aime la belle vie, les grands espaces, les rivières et les lacs poissonneux. Il découvre des concitoyens rudes mais amicaux et une femme merveilleuse…Mais il va devoir faire face à une série de meurtres particulièrement brutaux dont la résolution prendra mille chemins de traverse…
Ce roman noir vaut pour ses grandes qualités littéraires, son suspense constant, mais aussi l’humour et l’humanité de son personnage principal. Richard Hugo rend hommage aux maîtres du genre – Hammett, Chandler et Macdonald à sa façon, avec un personnage de flic au grand cœur, hors du commun lui aussi.
Initialement publié sous le titre Meurtres cousus d’or dans la collection Série Noire (Gallimard SN no 1851, traduction de Madeleine Charvet, 1981), la publication française recommandée est celle de la nouvelle traduction intégrale de Michel Lederer parue sous le titre La Mort et la Belle Vie (Albin Michel, 1997) et rééditée en format poche 10/18, Domaine étranger en 1999.
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